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Abraxas, Le Secret du Temple Chapitre 7




Paris, 17 juin 2024

 

Pierre d'Aumont ajusta sa tenue maçonnique avec une certaine nervosité. En tant que Second Surveillant de la Respectable Loge "Deus Vult" N°777, il se devait de rester concentré. Cependant, les récentes affaires criminelles hantaient ses pensées, perturbant son esprit au point de le rendre presque incapable de se focaliser sur ses devoirs ce soir-là. Il se rendit rue Christine de Pisan dans le 17ème arrondissement, où la tenue de la loge allait débuter sous peu.

La salle était magnifiquement ornée, reflétant la solennité et la mystique de la Franc-Maçonnerie. Les Frères, vêtus de leurs décors, attendaient le début de la cérémonie de réception d'un nouvel apprenti. Pierre prit sa place, essayant de repousser les sombres pensées qui l'assaillaient.

Les lumières furent tamisées et le silence se fit complet. Le Vénérable Maître frappa trois coups sur le pupitre et la cérémonie commença. Le candidat, les yeux bandés, fut introduit dans le temple. Pierre, en tant que Second Surveillant, se tenait prêt à guider le profane durant ses trois voyages symboliques.

Le premier voyage commença par un tour de la loge, le candidat tenu par la main gauche. Pierre observait les réactions du profane, essayant de rester concentré malgré les images des corps mutilés qui le hantaient. Lors du second voyage, le candidat fut confronté à divers obstacles symboliques, censés représenter les épreuves de la vie. Pierre l'aida à surmonter ces épreuves, mais ses pensées étaient constamment tirées vers les meurtres, les compas à pointes sèches, et les symboles macabres.

Le troisième voyage était celui de la lumière. Après avoir tourné trois fois autour de la loge, le bandeau fut retiré des yeux du candidat, révélant à ses yeux émerveillés le temple illuminé et la fraternité assemblée. Pierre sentit une bouffée d'émotion en voyant l'expression du nouvel apprenti, rappelant sa propre réception quinze ans auparavant.

Après la cérémonie, lors des agapes, les Frères se réunirent autour de tables ornées de chandeliers et de nappes blanches. Pierre s'assit à côté du Vénérable Maître, Serge Gibelin. Serge était non seulement le Vénérable de "Deus Vult", mais aussi un inspecteur de la brigade criminelle, et avait été son jumeau lors de leur réception en tant qu'apprentis.

Durant le repas, le nouvel apprenti fut invité à prendre la parole. Il se leva, encore ému par l'expérience qu'il venait de vivre.

« Mes Frères, » commença-t-il, la voix tremblante, « je suis profondément honoré et ému par la cérémonie de ce soir. Les symboles, les épreuves, tout m'a semblé si riche de sens et de mystère. Je ressens déjà la chaleur de cette fraternité et je suis impatient d'apprendre et de grandir parmi vous. Merci pour votre accueil. »

Les Frères applaudirent chaleureusement, et Pierre sentit un moment de fierté malgré le tourment qui l'habitait. Cependant, il ne put s'empêcher de murmurer à Serge :

« Ces meurtres... je ne peux m'empêcher de penser qu'ils sont liés de près ou de loin à notre Ordre. »

Serge hocha la tête, ses traits marqués par la fatigue et l'inquiétude. « Les compas à pointes sèches trouvés sur les lieux, les scarifications, les symboles... tout cela ne peut être une simple coïncidence. Nous devons approfondir cette piste, mais cela nécessite une discrétion absolue. »

Ils discutèrent longuement, échangeant des hypothèses et des théories, essayant de comprendre les motivations du tueur et son possible lien avec la Franc-Maçonnerie. La soirée s'étira, et les Frères commencèrent à quitter la salle, fatigués mais encore en proie à une certaine excitation après la cérémonie.

 

Tard dans la nuit, Pierre rentra chez lui à Montmartre. Une fois de plus, il eut l'étrange sensation d'être suivi. Il se retourna plusieurs fois, scrutant les ombres des rues silencieuses, mais ne parvint à discerner aucune présence.

En arrivant chez lui, il trouva Jeanne profondément endormie. Il se glissa silencieusement dans le lit, espérant trouver un peu de répit. Cependant, son sommeil fut agité, peuplé de cauchemars macabres où les visages des victimes se mêlaient aux symboles ésotériques, et où il se voyait traqué par une silhouette indistincte, toujours cachée dans l'ombre…

 

14 avril 1313, Côtes de l'Irlande

 

Pierre d'Aumont, guidé par un instinct ancestral, dirigea ses frères vers les ruines d'un ancien monastère cistercien dont on leur avait parlé. Les pierres grises et érodées par le temps semblaient raconter des histoires de foi et de dévouement, mais aussi de mystères enfouis.

Après plusieurs heures d'exploration minutieuse, les Templiers découvrirent que ces ruines cachaient en réalité des bâtiments en bon état, soigneusement dissimulés aux regards indiscrets. Une petite communauté de moines cisterciens y vivait, menant une vie de prière et de contemplation. Le père abbé, un homme à l'air bienveillant et serein, les accueillit avec une hospitalité empreinte de prudence et de curiosité.

Pierre, après avoir exposé leur quête et les dangers qui les menaçaient, obtint la confiance de l'abbé. Ensemble, ils convinrent que l'abbaye de Grey, située à Greyabbey en Irlande du Nord, serait le lieu idéal pour mettre le précieux secret du Temple en sûreté. Située sur le revers intérieur de la Péninsule d'Ards, sur le Strangford Lough, cette abbaye offrait la sécurité et l'isolement nécessaires pour préserver leur trésor.

Les jours suivants, les Templiers profitèrent de l'hospitalité des moines pour se reposer et se préparer pour la prochaine étape de leur périple. Les moines leur fournirent des montures robustes et des vivres, essentiels pour le long voyage qui les attendait.

Le matin de leur départ, le groupe de chevaliers, guidé par Pierre, quitta le monastère sous le regard bienveillant des moines cisterciens. Le chemin vers Greyabbey était long et parsemé d'embûches, mais la détermination des Templiers restait inébranlable. Chaque étape les rapprochait de leur destination, chaque obstacle surmonté renforçait leur foi en leur mission sacrée.

Traversant des forêts denses et des vallées escarpées, les chevaliers avancèrent avec une précision militaire, toujours sur leurs gardes. Les paysages irlandais, à la fois sauvages et majestueux, leur offraient des moments de contemplation et de réconfort. Cependant, la route n'était pas sans danger. Une nuit, alors qu'ils campaient dans une clairière isolée, un groupe de brigands surgit des ombres, espérant profiter de la richesse supposée des voyageurs.

Le combat fut acharné. Pierre, épée à la main, dirigea ses frères avec la discipline et le courage qui avaient fait la renommée des Templiers. Les brigands, bien que nombreux, n'étaient pas de taille face à l'habileté et à la détermination des chevaliers. Après une lutte intense, les assaillants furent repoussés, laissant derrière eux quelques blessés parmi les Templiers. Malgré la victoire, cette attaque rappela aux chevaliers la constante vigilance dont ils devaient faire preuve.

Chaque jour, le paysage changeait, offrant tantôt des collines verdoyantes, tantôt des vallées plongées dans la brume. Les routes sinueuses et les sentiers escarpés mettaient à l'épreuve la résistance des hommes et des chevaux. Les rares villages qu'ils traversaient leur offraient un bref répit et des provisions supplémentaires. Les habitants, souvent méfiants mais curieux, échangeaient des histoires de légendes locales et de créatures mythiques qui hantaient les bois environnants.

Finalement, après plusieurs jours de voyage harassant, les murailles de l'abbaye de Grey se dessinèrent à l'horizon. Pierre sentit un soulagement profond envahir son être. Ils étaient enfin arrivés. L'abbaye, avec ses murs de pierre imposants et ses jardins paisibles, semblait être un sanctuaire de paix dans un monde en proie au chaos.

L'accueil des moines de Greyabbey fut tout aussi chaleureux que celui de leurs confrères. Pierre et ses compagnons purent enfin entrevoir la fin de leur mission. Le précieux secret du Temple serait en sécurité ici, protégé par des hommes de foi et d'honneur. Mais ils savaient que la vigilance restait de mise, et que d'autres défis les attendaient peut-être encore.

 


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