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Au théâtre ce soir


Je ne résiste pas à livrer ici une pièce de théâtre écrite par mon Bien Aimé Frère Emmanuel C. ( que je salue bien fraternellement) qu'il nous avait jouée avec un autre frère lors du Burns Supper 2018 organisé la RL Iona One travaillant au Rite Ecossais d'Ecosse à l'Orient de Paris, et qui s'intitule "La Colère de Willermoz".

Je l'ai quelque peu remaniée et ai corrigé quelque petites coquilles mais elle reste assez fidèle à l'esprit d'origine.


La scène se passe au paradis , un homme Pierre Willermoz attend en lisant assis sur une chaise , Il voit arriver son frère Jean Baptiste, le plus célebre de la famille, en grand habit rectifié, titubant , la mine défaite, prêt à défaillir, après quelques pas il s'effondre dans un fauteuil.



Pierre :

Depuis que de St Pierre vous êutes la permission de retourner sur terre ausculter notre association , sur cette chaise j'attends votre venue ...

Mais je lis dans vos yeux une déconvenue . Parlez moi sans tarder de celle qui toujours fut jadis l'objet de votre amour.

Willermoz :

Vous voulez dire Franc-Maçonnnerie mon Frère ! a qui j'ai voué ma vie , ne cachons point son nom ! Je vous sais gré , Pierre, malgré les embarras, les peines et les tracas qu'elle a pu vous donner , et dont je fais grand cas , pendant aussi longtemps de l'avoir tolérée pour m'aider.

Pierre :

Eh bien ?

Willermoz :

Eh bien Pierre elle est défigurée !

Pierre :

Mon frère, je compatis , c'est une peine extrème de voir les traits meurtris d'une femme qu'on aime . Elle a vieilli sans doute ...

Willermoz :

Oh ce n'est pas cela ! Il m'en faudrait bien plus pour être en cet état. Je ne m'attendais pas à la revoir pucelle !... Mais on peut décliner sans cesser d'être belle ! Si le corps en hiver n'est plus à son printemps, l'âme de l'être aimé sait résister au temps.

Pierre :

C'est donc son âme ?

Willermoz :

Hélas ! si je n'étais au ciel , près de vous à l'abri des chocs existentiels , ce que j'ai vu m'aurait donné le coup de grâce !

Pierre :

Mais qu'avez vous donc vu mon frère ? Vos silences me glacent !

Willermoz :

La Maçonnerie fille des batisseurs , et des anciennes traditions ....

Oh Dieu l'étrange peine ! Et quel affreux émoi ! Quelle désillusion , quelle désespérance, de revoir sa maitresse en telle déshérence !

Pierre :

Mais encore , précisez ... je reste sur ma faim ! Vous me turlupinez ! Qu'avez vous donc vu enfin ?

Willermoz :

J'ai vu , j'ai vu , Oh ciel j'ai vu .... Comment vous dire .... Comment bien s'exprimer quand on a vu le pire ?

J'ai vu nos landmarks malmenés et le premier d'entre eux oublié ; Le seigneur au nom de qui nous nous réunissions est omis, voire même banni . J'ai vu le titanic couler et ses grands timoniers repeindre les hublots.

J'ai vu des hommes se réunir en portant notre nom, plus divisés entre eux que ne sont les carpates . Le moindre palatin se prendre pour César, l'un fraichement nommé, jouant les petits saints s'exonérer de cotisation et trouver cela très bien . L'autre obscur conseiller , quérir à son de trompe un larbin stipendié pour lui cirer les pompes se méler de vouloir diriger l'état. Pour couronner le tout j'ai vu le gardien du trésor planquer le fric détourné en Suisse . J'ai vu des hommes ,initiés, élevés et propulsés Grands Maître en une soirée ... Moyennant finances et reconnaissances bien sur. Pour comble, J'ai vu un grand Maître donner les signes et les mots en direct à la télé à une heure ou tous les profanes hébétés s'abrutissent en famille. (heureusement que ceci est du passé et le grand Maître en question fut justement sanctionné et banni ce qui semble fort juste)

Pierre :

N'êtes vous pas sévere mon frère avec ces jeunes gens , tout fiers d'avoir acquis un certain entregent ? Ces nouveaux Rastignac jadis vous faisaient rire , et ne vous mettaient pas dans une telle ire ! Nous connumes souvent et du temps de nos rois nombre de grands coquins qui s'exemptaient des lois , et même pour certains sombraient dans la débauche !

Willermoz :

Mais aucun de ceux la ne se paraient du titre de frère , alors que ces pignoufs se pavanent devant tous en donnant des leçons , je me suis renseigné sur l'histoire récente , pour comprendre un peu mieux ces façons indécentes , et qu'ai je appris Grand Dieu ? Milles calamités , les anglais qui n'on rien inventé se mèlent de tout régenter , donnant ou refusant au nom de leur volonté des patentes à qui seulement bon leur semble. Les francais qui ont du vague à l'âme créerons bientôt autant d'associations qu'ils sont de membres , ils rêvent dans les nuages se bercent d'illusions dans leur lits d'enfants sages ! confrontés au réel ; ancrés dans le déni , ils sont tout étonnés quand ils tombent du nid . Et tous réunis proposent des programmes qui traduisent à plat leur encéphalogramme.

Pierre :

Mais ou sont les anciens ? Purs et courageux qui eux savaient pousser de grands cocoricos ?

Willermoz :

Je ne sais ils nous ont tous rejoints sans doute ... les allées du paradis sont effectivement bien gardées .

Pierre :

Du calme mon frère , modérez cet orage

Willermoz :

Mais mon frère laissez moi m'expliquer plus avant et vous aurez le clé de cet emportement , Si vous aviez pu voir , même de votre rive , vous en auriez, c'est bien sur le souffle coupé . Je reprends mon discours la ou je l'avais laissé. Ayant à satiété subi les psychodrames de tout ces Maçons qui brament , j'ai voulu avant de repartir visiter de nouvelles appellations dont le sens lié aux droits des hommes m'échappait peu ou prou.

Que vis-je alors ? En cent , je vous le donne, le sommet m'a t-on dit de notre art royal est d'accepter les femmes et de mélanger les ames. De ce que j'ai vite aperçu il n'y a pas que l'esprit qui se mélange et c'est même l'égypte qu'en ces lieux on découvre.

Je crains pour mon malheur avoir oeuvré en vain , mon costume est trop grand pour habiller ces nains.

Pierre :

Calmez vous ! les français autrefois ont fait pis , et même en votre temps vous futes été déconfit par leur inconstance et leur acrimonie.

Willermoz :

Non aujourd'hui ils font bien plus fort . Leurs serments ne comptent pas plus qu'un pet de lapin. Et ils changent de crémerie comme autrefois nous changions de chemise. (bon avec du recul je me dis que celle là je l'ai pas volée mais que d'un autre côté je m'en félicite ayant trouvé ce qui me manquait dans la crèmerie en question...)

Pierre :

Mais vous n'y pouvez rien , laissez donc à Dieu le père le soin de réprimer tous ces coléoptères , C'est ainsi et c'est tout , Le Maçon Français est indiscipliné , frondeur si nécessaire arrogant belliqueux et même téméraire, et cela en dépit de centaines de lois , car s'il n'est plus profane il est toujours gaulois.

Willermoz :

( se levant plus détendu )

Oui vous avez raison , j'ai tort je m'obnubile , et ne fais rien mieux que m'échauffer la bile ... laissons aux successeurs le soin de gérer ces associations convulsives , Maria Deraisme donne un thé avec Marat et Robespierre , et nous irons après avec Danton chez Désagulier prendre l'apéritif.



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