top of page

Ô Capitaine mon Capitaine


Jeudi soir dernier était ma rentrée des classes maçonnique. Une joie après deux longs mois de retrouver mes frères, ma loge.

J’avais donc comme tout bon écolier préparé mon cartable et taillé mes crayons qui pour le Maçon Rectifié que je suis s’etaient Transformés en gants propres et blancs ( pour une fois...) un tablier gansé de bleu, un tricorne et une épée toute fraîchement passée au Miror...

Notre Vénérable Maître nous avait suggéré comme devoirs de fin de vacances une réflexion sur cette phrase de Willermoz, grand artisan du Rite Écossais Rectifié : « la loge c’est le maçon.


Sujet fort important qui m’avait inspiré quelques réflexions que je prends le risque de partager ici...


La loge, c’est le Maçon

Il y a dans cette phrase de Willermoz toute l’essence de ce que devrait être la pratique de la Maçonnerie et qu’elle n’est parfois malheureusement pas.

Un groupe d’hommes scellés par un serment prononcé lors de la cérémonie de réception en présence du Grand Architecte de l’Univers et par une fraternité qui devrait être indéfectible. Dans la prière d’ouverture des travaux il est dit « afin que le temple que nous avons entrepris d’élever (…) soit un séjour de paix et d’union fraternelle , un asile pour la vertu, un rempart impénétrable au vice et le sanctuaire de la vérité ». Cela pose clairement les bases du comportement que les frères de la loge devraient avoir.

Dans l’instruction morale il est également demandé au maçon « de ne pas rougir d’un homme à l’extérieur de la Loge qu’il aurait embrassé comme frère à l’intérieur ». Lorsque je lis ce passage du rituel je pense à chaque fois à la scène finale de ce film avec Robin Williams que j’aime tant : « le Cercle des poètes disparus » où les étudiants en mémoire et hommage à leur professeur qui leur avait proposé cet exercice pour voir les choses sous un angle différent, montent sur leur pupitre malgré les invectives du doyen tentant en vain de le leur interdire. C’est tout à fait cela qui devrait habiter le maçon : cette intégrité à toute épreuve qui devrait le pousser à ne pas rougir mais à être fier de ce qu’il est. Et reconnaissant également envers les frères de la Loge qui l’ont accueilli avec leur confiance et leur amour en présence du Grand Architecte . Dans l’idée de l’aider à réfléchir , à chercher par lui-même. Le rituel ne nous suggère t il pas cette fierté dans l’instruction morale ? « Confondu il n’y a qu’un moment dans la foule des mortels qui végètent sur la surface de la terre, vous venez d’en être séparé. Dès aujourd’hui, vous formez avec nous une classe distincte d’hommes voués par goût et par devoir à l’exercice des vertus et à l’étude des connaissances qui y conduisent ».

La Loge, c’est le Maçon. Le sens est important . Willermoz n’a pas écrit : Le Maçon c’est la Loge. Mais nous pourrons y venir plus tard car il n’est pas impossible que ceci soit une autre forme de réalité. Selon moi, la Loge est en effet ce qu’en fait le maçon, ou plus exactement l’assemblée des maçons qui la forment. Dans cette idée il me semble par conséquent une nécessité de cultiver et d’entretenir la diversité et la différence qui font sa richesse. Nous avons tous lu la merveilleuse histoire du Petit prince de Saint Exupery. Dans son œuvre posthume « Citadelle » qui regroupe l’essentiel de ses méditations on peut lire cette phrase qui je crois devrait être au cœur de tout maçon comme une formule alchimique qui peut de la pierre brute que nous sommes « faire surgir la belle chose dont elle estsusceptible » : « Si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser tu m’enrichis ». Car la richesse ne peut naitre que de la différence. Que serait une société où tous penseraient de manière identique, verraient les choses avec le même œil, sans exercer leur regard critique et faire parler leur interprétation . La diversité permet notamment à ce que les frères de la loge travaillant tour à tour sur un même sujet puissent voir chacun à leur manière les symboles, emblèmes et allégories qui leur sont proposés. Qu’y aurait il en fait de plus triste qu’une loge où des maçons formatés à une pensée unique réfléchiraient tous de la même façon. Rappelons-nous que chez nos ancêtres opératifs, le Maçon Franc était avant tout un homme libre et par conséquent absolument pas un homme à qui l’on dictait une manière unique d’entrevoir la manière d’aborder son travail . L’instruction par question réponse du premier grade nous apprend ce qu’est la Franc Maçonnerie : « C’est une école de sagesse et de vertu qui conduit au Temple de la vérité sous le voile des symboles, ceux qui l’aiment et qui la désire » Pourrions nous décemment imaginer qu’il est attendu de nous comme maçon que nous percevions ces symboles de manière identique ? Sérieusement !

La Loge c’est le Maçon. Ceci impose aussi en rappel au maçon ses obligations vis-à-vis de ses frères. La Loge n’est que ce que le maçon en fait. Chaque frère a de la sorte la possibilité de faire prospérer ou de faire péricliter sa Loge. Par son assiduité d’abord, et le simple fait que sa non présence en dehors du manque qu’elle peut créer jusqu’au point de rendre l’ouverture des travaux impossible, est aussi une perte car il ne contribuera pas aux travaux et à leur qualité. Cette absence qui lorqu’elle concerne un nombre important de frères de la loge peut même générer questionnements et préoccupations , notamment chez les apprentis qui peuvent finalement décider de la quitter déçus qu’ils peuvent être du nombre de frères qui étaient présents à leur réception par rapport à ce qu’ils voient ensuite en tenue régulières. Par son travail également, et la fréquence à laquelle il présentera des travaux qui en dehors de leur contribution à son développement et sa compréhension des symboles, sont propres à enrichir la loge. Par l’exercice de son mandat bien sûr aussi et le respect de l’engagement pris lorsqu’il est nommé officier de la Loge pour lequel il prête serment en présence du Grand Architecte et de ses frères. Enfin c’est aussi selon moi par son comportement en Loge avec ses frères, par son écoute, l’exercice de sa bienveillance, de son ouverture d’esprit et les remarques qu’il fera ou ne fera pas à ses frères, sur leurs travaux ou leurs interventions que le Maçon peut contribuer à en faire ce « séjour de paix et d’union fraternelle » où un lieu de règlement de compte sur la manière d’entrevoir les choses. Cette manière différente d’entrevoir les choses où comme je le disais plus haut, elle n’est que le reflet de cette différence que Saint Exupéry considérait qu’elle l’enrichissait loin de le léser. Je terminerai par cette question en ouverture sur une réflexion future et que je suggérai plus haut sur l’inversion de la formule de Willermoz :  si l’on disait non plus « La Loge c’est le Maçon » mais « Le Maçon c’est la Loge ». Quelles nouvelles pistes de réflexion cela nous ouvrirait il ? Que le Maçon est ce que la Loge fait de lui. C’est pourquoi la Loge aussi a une responsabilité vis-à-vis de chacun de ses membres.


Voilà quelques idées sur le sujet donc et je vous laisse les méditer non sans vous livrer cette petite vidéo qui chaque fois me fait chialer


a bientot


Ô Capitaine mon Capitaine

272 vues
bottom of page